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L'échelle de Turin

L'astéroïde 2011 MD a frôlé la Terre

   Mise à jour 01 juin 2013

L’astéroïde 2011 MD, de 10 mètres de diamètre a frôlé la Terre, le 27 juin 2011, il est passé à seulement 12 300 kilomètres de la Terre. L’astéroïde 2011 MD, surveillé par la Nasa, est un petit géocroiseur, d'une dizaine de mètres de diamètre, à peine. Il a été repéré par les astronomes du programme Lincoln Near-Earth Asteroid Research (Linear), depuis Socorro, dans l’état du Nouveau-Mexique.
Le nombre de géocroiseurs est estimé à, 7 500. Ces poussières cosmiques sont de petits objets rocheux, dont le diamètre varie de quelques mètres à quelques dizaines de kilomètres. Parmi ces objets un millier environ sont considérés dangereux. Ces astéroïdes sont classés sur l’échelle de Turin.
L'astéroïde 2011 MD a été classé, 0 sur l'échelle de Turin, c'est-à-dire que la probabilité d'une collision est nulle, ou pratiquement nulle. Cela s'applique aux petits objets tels que des météores et des blocs qui brulent dans l'atmosphère.

 

Le passage d'un géocroiseur  à proximité de la Terre, se produit une fois tous les six ans en moyenne. Cette fois il est passé à peine à 12 300 kilomètres de la Terre, le 27 juin 2011 vers 17H (UTC). Cette distance correspond aux orbites des satellites artificiels de la Terre, comme ceux du GPS. Par mesure de sécurité, les astronomes qui travaillent sur la Station Spatiale Internationale (ISS),  se sont mis à l'abri dans les capsules de la station, afin d'être prêt à revenir sur Terre.

Image : Comme le montre cette image simulée, l’astéroïde 2011 MD (en haut à droite) est passé à l'intérieur des orbites des 31 satellites GPS. Sa distance par rapport à la Terre était alors, de seulement 12 300 kilomètres. Sa trajectoire a été fortement courbée par l’attraction de la Terre, puis il est reparti dans l'espace, continuant sa course autour du Soleil.

 passage de l'astéroïde 2011 MD le 27 juin 2011

Classification des risques d'impacts d'astéroïdes

    

L'échelle de Turin a été créée en 1995 par Richard Binzel, chercheur au Massachusetts Institute of Technology dans le département des sciences planétaires. Cette échelle destinée au public, sert à classifier les risques prévus, d'impacts d'astéroïdes ou de comètes géocroiseurs.
Elle est graduée de 0 (aucune risque de collision) à 10 (collision certaine et catastrophe globale). La première version de l'échelle de Turin (1999), a été adoptée à Turin, en Italie, lors d'une conférence de l'Union astronomique internationale sur les objets géocroiseurs. Ce qui lui donna son nom. Une nouvelle version a été publiée en 2005.  
En une seule valeur numérique, l'échelle de Turin donne une indication simpliste des estimations des risques concernant une éventuelle collision. Cette information souligne les probabilités et la dangerosité de l'impact. L'échelle de Turin est graduée de 0 à 10. 
Plusieurs organismes peuvent attribuer une valeur de risque sur l'échelle de Turin, à des objets célestes, notamment les systèmes automatisés Sentry et NEODyS.
Une autre échelle, l'échelle de Palerme, destinée aux spécialistes, permet de classer et de hiérarchiser les risques potentiels d'impact. Elle couvre un éventail de dates d'impact, les énergies et les probabilités.
L'échelle des valeurs inférieures à -2, reflète des évènements pour lesquels il n'existe pas de risque, tandis que les valeurs entre -2 et 0, signalent des situations qui méritent un suivi attentif.
L'échelle compare la probabilité de l'impact potentiel détecté, avec les risques moyens qu'ont représenté, les objets de la même taille, au cours du passé.
Ce risque moyen est appelé, risque de base. Pour plus de commodité l'échelle est logarithmique, par exemple, la valeur -2 indique que l'impact potentiel n'est que de 1% du « bruit de fond ». Le bruit de fond est le flot habituel, de petits astéroïdes ou d'étoiles filantes. La valeur 0 indique que l'évènement est tout aussi menaçant que le « bruit de fond », et une valeur de 2 indique un évènement qui est 100 fois plus élevé que les « bruit de fond ». Référence à l'article scientifique intitulé « La quantification des risques posés par les impacts potentiels de la Terre » par Chesley et al. Icarus 159, 423-432 (2002).
Une grande partie de l'utilité de l'Échelle de Palerme réside dans sa capacité à évaluer soigneusement les risques posés par les objets les moins menaçant, c'est-à-dire ceux considérés à la valeur 0 dans l'échelle de Turin. Ces objets représentent presque tous les impacts détectés depuis le début des observations.
Cette échelle continue, comprend à la fois des valeurs positives et négatives, elle intègre le temps entre l'époque actuelle et l'impact potentiel prévu, ainsi que l'énergie de l'objet prévu et la probabilité d'occurrence.

 

Comme il y a beaucoup plus de petits astéroïdes que de grands, dans l'espace, le taux dépendra de la taille de l'astéroïde. Le bruit de fond, considéré comme l'état habituel, est le statu quo, et donc quand un objet passe à proximité de la Terre, c'est sa taille qui détermine si c'est un bruit de fond ou pas.
Il n'y a pas de conversion pratique entre ces deux échelles, l'échelle de Turin et l'échelle de Palerme. L'échelle de Palerme est continue et dépend du nombre d'années qui vont s'écouler jusqu'au potentiel impact.
Cependant, si un évènement s'élève au-dessus du bruit de fond, il permettra d'atteindre une valeur supérieure à zéro, à la fois dans l'échelle de Palerme et dans l'échelle de Turin.
2004 MN4 baptisé Apophis (250 mètres) pourrait être la prochaine menace. Apophis, du nom du dieu égyptien Apep, le "Destructeur", a été découvert en juin 2004, il serait l'objet le plus menaçant pour la Terre. Il mesure 270 mètres de long et possède une masse d'environ 27 millions de tonnes. Il devrait passer en 2029 à 32 000 kilomètres de la Terre. Il croise l'orbite de la Terre, 2 fois tous les 365 jours.
Les observations radars d'astéroïdes géocroiseurs montrent qu'un astéroïde géocroiseur sur six serait double. Les couples de géocroiseurs se font et se défont en une dizaine de millions d'années à peine.
En septembre 2000, l'astéroïde géocroiseur 2000 DP107 frôle la Terre à 7,2 millions de kilomètres (environ 19 fois la distance Terre-Lune).
Les astronomes découvrent alors qu'il s'agit d'un astéroïde double. Déjà le 28 aout 1993, Galileo qui rencontra l'astéroïde, Ida, situé alors à 3 UA, révèle quelque chose de très étonnant, la présence d’un satellite le survolant à 100 km d’altitude à peine, baptisé Dactyl.
Depuis un grand nombre d'astéroïdes doubles ont été découverts : 243 Ida, 45 Eugenia, 762 Pulcova, 90 Antiope, 87 Sylvia, 1998 WW_31...
Un cratère météoritique de plus de 20 km de diamètre sur six est associé à un autre cratère.
Les observations radar des radiotélescopes de Goldstone et d'Arecibo, montrent que l'astéroïde 2000 DP107 est double, en effet les deux corps mesurent 800 m et 300 m de diamètre et sont séparés d'à peine 2,6 km. La densité du plus gros des deux corps n'est que de 1,7 tonne par mètre cube. Cette faible densité signifie que c'est un agrégat de débris rocheux assemblés sans cohésion, tel un amas de pierres collé par la gravité. Ce manque de cohésion explique leur formation selon l'équipe de J. L. Margot.
Les géocroiseurs doubles en passant près d'une planète, la Terre ou Mars subissent les effets gravitationnels qui augmentent leur vitesse de rotation, les allongeant jusqu'à ce qu'ils se séparent en deux corps distincts.

 l'échelle de Turin

Image : Représentation de l'échelle de Turin, en fonction de l'énergie cinétique, calculée en mégatonnes de TNT, et de la probabilité d'impact.


astéroïde 2000 DP107

Image : 2000 DP107 est le premier astéroïde identifié par radar comme un système binaire (février 2000). Le premier est à peu près sphérique avec un diamètre de 800 mètres et le second, qui orbite autour en 1,755 jours, mesure environ 300 mètres. crédit NEA

N. B. : Le géocroiseur 2002 NT7 a été le premier objet a atteindre une valeur positive (plus élevée que le risque ambiant) sur l'échelle de Palerme, avec une faible probabilité d'impact en 2019. En Juillet 2002, la valeur a été abaissée à -0.25. Le premier Aout 2002, l'astéroïde 2002 NT7 a été retiré de la liste des objets représentant une menace pour les 100 prochaines années.

Niveaux de l'échelle de Turin

    
Aucun danger
(Zone blanche)
  0  La probabilité d'une collision est nulle, ou pratiquement nulle.
S'applique aussi aux petits objets tels que des météores et des blocs qui brulent dans l'atmosphère.
Normal
(Zone verte)
  1  Un passage près de la Terre est prévu, cela ne représente pas de danger.
La possibilité de collision est très peu probable, cela conduira probablement à une réaffectation au niveau 0.
Mérite une attention par les astronomes
(Zone jaune)
  2  Passage inhabituel près de la Terre.
Bien que méritant une attention par les astronomes, la collision réelle est très peu probable.
Cela conduira probablement à une réaffectation au niveau 0.
  3  La rencontre mérite une attention par les astronomes car les calculs donnent 1% ou plus de chance de collision.
Cela conduira probablement à une réaffectation au niveau 0.
Une attention par le public est méritée si la rencontre est prévue à moins de 10 ans.
  4  
 
Menaçant 
(Zone orange)
  5  La rencontre représente une menace incertaine de dévastation régionale. Une attention critique par les astronomes est nécessaire pour déterminer avec certitude si oui ou non la collision se produira. Si la rencontre est inférieure à une dizaine d'années, la planification d'urgence gouvernementale peut être justifiée.
  6  La rencontre par un objet de grande taille, encore incertaine, représente une grave menace de catastrophe mondiale.  Une attention critique par les astronomes est nécessaire pour déterminer avec certitude si oui ou non la collision se produira. Si la rencontre est prévue à moins de trois décennies, la planification d'urgence gouvernementale peut être justifiée.
  7  La rencontre par un très grand objet, encore incertaine, constitue une menace de catastrophe mondiale. Pour une menace prévue dans le siècle, la planification d'urgence internationale est justifiée.
 
Types certains de collisions
(Zone rouge)
  8  La collision est certaine, elle est capable de causer des destructions localisées pour un impact sur la Terre ou un tsunami, si l'impact est à proximité des côtes. De tels événements se produisent en moyenne entre une fois par 50 ans et plusieurs fois par 1000 ans.
  9  La collision est certaine, elle est capable de causer des ravages avec un impact régional sur terres ou un tsunami majeur pour un impact en mer. De tels événements se produisent entre une fois tous les 10 000 ans à 100 000 ans.
 10 La collision est certaine, elle est capable de provoquer une catastrophe planétaire climatique qui risquent de menacer l'avenir de la civilisation, quelque soit l'impact, terrestre ou maritime. De tels événements se produisent en moyenne une fois par 100 000 ans.

Image : N. B. : 2005 : Morrison, D., Chapman, C. R., Steel, D., and Binzel R. P. "Impacts and the Public: Communicating the Nature of the Impact Hazard"

     

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